Nous nous retrouvons aujourd’hui pour continuer notre exploration fascinante des profondeurs du rêve. Aujourd’hui, nous allons nous intéresser aux recherches récentes des neurosciences sur ce sujet.
En effet, l’essor des neurosciences nous permet aujourd’hui de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau, grâce à de nombreuses études récentes.
Les théories de la psychologie et des sciences humaines se sont d’ailleurs étoffées grâce à l’apport de ces recherches.
Et s’il y a bien un sujet qui continue aujourd’hui d’intriguer les chercheur, c’est celui du rêve.
Dans cet article, je vous donne un aperçu des résultats de recherche (dont certaines sont toujours en cours) concernant le fonctionnement des rêves.
Définition : le rêve
Tout d’abord, commençons par une rapide explication de ce qui crée le phénomène du rêve au niveau du cerveau.
C’est l’activation du tronc cérébral qui amorce le début du rêve. Cette structure est en charge de la perception de l’équilibre et de la position spatiale du corps. Durant la phase de sommeil paradoxal, il y a une activation spontanée de cette structure qui donne ces fameuses impressions de vol ou de chute libre.
Ensuite, à partir de cette activation, le reste du cerveau va travailler pour broder autour de cette amorce et ainsi construire le rêve.
Un entraînement préparatoire
Selon les travaux du psychologue finlandais Antti Revonsuo (université de Turku, en Finlande), nos rêves serviraient à entraîner des éléments adaptatifs de réaction à une menace extérieure.
C’est-à-dire qu’ils fonctionneraient comme une sorte de répétition générale du cerveau pour nous préparer au danger et aux bonnes réactions en cas de menace dans notre vie éveillée.
Ainsi, selon son observation, 60 à 77% des rêves des jeunes adultes interrogés dans le cadre de son expérience comportent des scènes d’agressions et/ou de menaces.
On remarque d’ailleurs également ces formes de rêves chez le chat et le chien grâce aux mouvements de pattes qu’ils adoptent durant leurs phases de rêves. Ce qui laisse penser que leurs rêves sont peuplés de moments de chasse et de poursuite.
Le rêve fonctionnerait ainsi comme un chef d’orchestre organisant une répétition générale dans le but de nous préparer à affronter les dangers quotidiens physiques (agressions) ou sociaux (exclusions).
Le cerveau fabrique ainsi des centaines d’hypothèses pendant la nuit. Les rêves d’échec permettent de mieux se préparer et de mieux réagir. Selon une étude de 2013 (* I. Arnulf et al.,
Will students pass a competitive exam that they failed in their dreams ?, Consciousness and Cognition, vol. 29, pp. 36-47, 2014) la moitié des étudiants en médecine seraient sujets à ces rêves d’échec la veille du concours de première année qui est très exigeant et sélectif.
Et selon cette même étude, les étudiants qui font ce genre de rêve d’échec auraient en moyenne mieux réussi le concours. Ce qui tendrait à confirmer l’hypothèse selon laquelle le rêve est une préparation de notre cerveau pour affronter le quotidien.
Un entraînement émotionnel
Selon de récentes études, il semblerait que les rêves contiennent deux fois plus d’émotions négatives que positives.
Le rêve pourrait alors revêtir la fonction de catharsis en nous permettant d’évacuer les émotions contenues durant la journée.
Grâce à l’IRM, on a pu observer chez les rêveurs une activation de l’amygdale ( = structure cérébrale qui est le siège des émotions de peur et de colère) et une activation simultanée du lobe préfrontal (= siège de la perception de soi et de la maîtrise et contrôle de soi).
Avec cette observation, on pourrait formuler l’hypothèse que le cerveau s’entraîne émotionnellement. Car le rêve rejoue des émotions négatives vives qui sont ainsi transformées et rendues plus digestes par l’intervention d’un contrôle de soi et de ses émotions.
Une étude vient d’ailleurs étayer cette hypothèse.
Il s’agit de l’expérience de Matthew Walker (université de Berkeley, en Californie, 2011). Au cours de celle-ci, Walker a montré des images horribles à des participants volontaires pour tester leur réaction avant et après une nuit de sommeil.
La première fois, l’équipe a pu observer une activation très forte de l’amygdale chez ces participants.
Lors de la deuxième séance de visionage de ces mêmes images, après une nuit de sommeil, l’activation de l’amygdale était beaucoup moins importante chez ces personnes.
Le rêve aurait donc permis une digestion des émotions négatives fortes, les rendant plus tolérables le lendemain.

Se mettre à la place de l’autre
Le travail des neurones miroirs peut également être mis en évidence lors du rêve. Pour rappel : les neurones miroirs interviennent dans la construction de l’empathie.
En effet, nous rêvons parfois que nous sommes à la place de quelqu’un d’autre, que nous effectuons des tâches ou des actions qui ne sont pas celles qu’on a l’habitude de réaliser et qui incombent d’ailleurs très souvent à une autre personne.
Je me souviens d’un père de famille dont l’enfant avait beaucoup de difficultés dans les apprentissages scolaires.
Lors d’un rêve qu’il me confiait, il devait retourner à l’école et il lui était impossible de comprendre ce que la maîtresse disait. Tout lui semblait étranger et la langue dans laquelle cette dernière s’exprimait était incompréhensible.
A son réveil il me disait comprendre davantage et avec plus d’empathie les difficultés que son fils pouvait traverser. Ce qui lui avait permis de faire preuve de plus de patience avec lui.
Nous avons là une belle démonstration du rôle du rêve dans l’empathie. Et c’est probablement grâce à l’action des neurones miroirs qui s’activent durant les phases de sommeil, que l’on rejoue certaines situations afin de comprendre les émotions des autres.
Rôle de consolidation de la mémoire
Un troisième rôle du rêve se situerait dans sa capacité à consolider la mémoire. En effet, les rêves rejouent très souvent les évènements de la journée.
Or, on voit une activation de l’hyppocampe (= structure cérébrale qui gère la mémoire) lors des phases de sommeil paradoxal.
Ce qui tendrait à vérifier l’hypothèse selon laquelle les rêves permettent au cerveau de bien ancrer en mémoire les différents éléments importants de la journée et des journées précédentes.
C’est pour cela également qu’on éprouve des difficultés pour mémoriser les choses lorsqu’on a mal dormi.
Les neurosciences n’en sont qu’au début de leurs découvertes sur les fonctions du rêve.
Toujours est-il que le rêve possède une place centrale dans la vie de l’humain et des mammifères en général.
D’un point de vue évolutif, le rêve aurait également permis de mémoriser et d’ancrer les comportements de survie.
Les neurosciences décrivent mais n’interprètent pas les rêves. Cependant, il est intéressant de constater la fonction et la place centrale du rêve dans nos vies.
Conseil de psy
Je vous conseille avant tout de ménager votre sommeil. En effet, sans un sommeil de qualité, pas de repos et pas de rêves. Quel dommage lorsqu’on sait l’importance qu’ils revêtent !
Alors, prenez du temps pour vous. Apprenez à déconnecter. Ménagez-vous des temps calmes le soir avant de dormir, sans écrans et sans lumière bleue.
De nombreuses études relatent les effet nocifs de la lumière bleue sur les processus cérébraux qui permettent l’endormissement et donc la préparation pour un sommeil de qualité.
Bref, chouchoutez-vous et prenez soin de la qualité de votre sommeil.
Ne négligez pas cette partie importante de votre vie. Après tout, nous dormons à peu près 7h par jour soit quasiment 1/3 de notre journée 😉
Voilà, vous connaissez désormais l’essentiel concernant les rêves. Du point de vue de la psychanalyse et des neurosciences. Alors amusez-vous bien lors de votre vie nocturne.
Je vous dis à très vite pour une nouvelle notion de psycho !
